République Centrafricaine: Geographie et Histoire

Carte de la République centrafricaine

République Centrafricaine: Geographie et Histoire 

État d'Afrique centrale, la République centrafricaine est limitée au nord-ouest par le Tchad, au nord-est par le Soudan, à l'est par le Soudan du Sud, au sud par la République démocratique du Congo et le Congo, et à l'ouest par le Cameroun.

C'est un pays de forêts et de savanes, où, à côté des cultures vivrières (mil, maïs, manioc), quelques plantations (coton, café) et les diamants (principale richesse du sous-sol avec l'uranium) fournissent l'essentiel des exportations.

Le chaos politique qui dure depuis plusieurs années laisse aujourd'hui le pays exsangue.

Carte de la République centrafricaineLe milieu naturel

Prolongeant le plateau camerounais de l'Adamaoua, le socle précambrien et des grès secondaires de couverture forment une dorsale de hautes terres aplanies, dominées par des inselbergs rocheux (kaga), se relevant à l'ouest dans le massif de Yadé (mont Ngaoui, 1 420 m) et au nord-est (Dar Fertit, monts des Bongo, 1 400 m). Ces hautes terres alimentent une série de cours d'eau dévalant, au nord, vers la bordure de la cuvette tchadienne et, au sud, vers l'Oubangui et la cuvette congolaise (ex-Zaïre). De régime subéquatorial au sud (1 600 mm), les pluies décroissent vers le nord (7 mois de saison sèche, 900 mm), tandis que s'élèvent les températures (plus de 30 °C). À l'exception d'une zone discontinue de forêt dense dans le Sud, le pays est couvert par la forêt claire ou la savane arborée, qui abritent une faune encore abondante de grands mammifères (éléphants, buffles, antilopes).

La population et l'économie

Il est de tradition d'opposer les « gens du fleuve » et les « gens de la savane », de même que leur culture respective. Il paraît toutefois plus judicieux d'évoquer ce qui rapproche les Centrafricains, tous héritiers d'un lourd et douloureux passé, plutôt que ce qui les divise. Malgré une certaine reprise démographique, la population n'a toujours pas retrouvé son niveau, et de loin, d'il y a trois cents ans. Le dynamisme démographique est d'ailleurs inférieur à la moyenne africaine (à peine 5 enfants par femme), et l'infécondité, phénomène courant dans l'est du pays, semble s'être étendue à d'autres régions. L'Ouest et le Sud, qui représentent la moitié du territoire, accueillent les quatre cinquièmes de la population. C'est là que se situent la capitale et les principales villes secondaires. Le taux de population urbaine, après avoir progressé rapidement dans les années 1960, se serait stabilisé, voire aurait régressé, aux alentours de 40 %, du fait des nombreuses difficultés rencontrées par les habitants de la capitale. Sur le plan religieux, la République centrafricaine se caractérise par une très faible pénétration de l'islam, liée, peut-être, au souvenir du rôle qu'ont joué les musulmans dans la traite des esclaves. Le christianisme domine largement, mais surtout sous la forme d'Églises évangéliques et prophétiques.

Carte de la République centrafricaineLes aléas de l'histoire n'ont pas permis à l'économie de ce pays enclavé de se développer, malgré certains atouts. L'agriculture est la principale ressource, mais elle reste essentiellement vivrière (manioc, igname, maïs, mil, sorgho, arachide…). L'élevage aurait notablement progressé. Toutes ces activités font l'objet d'un commerce informel actif, y compris avec les pays voisins. Les traditionnelles productions destinées à l'exportation (bois, tabac) sont plutôt en régression (du moins sur le long terme), à l'exception du coton. L'absence d'un réseau routier digne de ce nom explique, pour une part, cette situation.

L'extraction du diamant et, dans une moindre mesure, celle de l'or sont devenues la principale source de devises du pays. Pour une grande part artisanale, échappant pour partie au contrôle de l'État, elle donne lieu à d'intenses trafics. L'industrie demeure embryonnaire, concentrée à Bangui et tournée vers la seule satisfaction du très étroit marché national. L'appareil d'État, considérablement dégradé, ne subsiste que grâce à une aide extérieure importante, qui représenterait le cinquième du PIB officiel. On ne saurait cependant oublier qu'en République centrafricaine, l'essentiel de l'activité économique échappe à toute investigation.

Les sites de la République centrafricaine classés à l'Unesco

Deux sites de la République centrafricaine sont inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco: 

– parc national du Manovo-Gounda St Floris; 
– trinational de la Sangha.

Bangui - République centrafricaine

Bangui - République centrafricaine

Histoire

L'histoire ancienne de la République Centrafricaine est mal connue et fait encore l'objet de débats entre spécialistes. Il semble cependant acquis, grâce à des découvertes archéologiques récentes, que le peuplement du pays remonte aux temps préhistoriques. Il est, par ailleurs, probable que le pays fut longtemps une terre d'échanges vers le haut Nil et de migrations multiples. Des conditions géographiques favorables firent que le pays prospéra au point d'accueillir sur son territoire actuel, selon certaines estimations, 6 millions d'habitants vers 1700, soit environ le double de la population de la fin du xxe s.

Un pays meurtri

L'absence de grandes structures étatiques va permettre, à partir du xviiie siècle, le développement de la traite des esclaves vers le nord, vers l'est, puis vers l'Atlantique. Cette dernière deviendra peu à peu prépondérante. Le pays est mis en coupe réglée par les Empires qui le bornent (→ Kanem-→ Bornou, Barguirmi, Ouaddaï, Darfour).

Pour en savoir plus, voir l'article esclavage.

Vers la fin du xixe siècle, il est victime de brutales épidémies de variole qui déciment ses habitants et font fuir les survivants. À la même époque, un aventurier d'origine soudanaise, Rabah, entreprend de bâtir un vaste Empire esclavagiste au Tchad et dans le nord du pays. Il est vaincu par les Français en 1900, mais la traite saharienne ne sera définitivement stoppée qu'à la veille de la Première Guerre mondiale.

Les débuts cruels de la colonisation

L'Oubangui, que les Français englobent dans la dénomination « Congo », est la voie de passage obligée vers le nord : sa domination constitue une étape dans la construction de l'Empire colonial français, qui veut joindre, sans discontinuer, Alger, Dakar et Brazzaville. La rivalité coloniale est ici engagée avec le roi des Belges, qui vient de prendre possession de la rive gauche du fleuve Congo. La ville de Bangui est créée en 1889 sur la rivière Oubangui, pour faire face à un poste belge installé peu avant.

Dès cette époque, les populations de la région sont astreintes au portage, pour acheminer le matériel des expéditions françaises successives qui partent à la conquête du Tchad. Certains administrateurs se distinguent par leur brutalité, mais, surtout, le « Congo » dans son ensemble est partagé entre des sociétés concessionnaires exploitant le caoutchouc et l'ivoire, qui se chargent de sa « mise en valeur ». Ce système, générateur de tous les abus, durera, comme le portage, jusqu'aux années 1920.

Entre-temps, l'Oubangui-Chari aura fourni de nombreux soldats à la France au cours de la Première Guerre mondiale. Dans les années qui suivront, il sacrifiera d'autres vies humaines à l'occasion de la construction du chemin de fer Congo-Océan (1921-1934). Excédés, les paysans de l'ouest du pays se révoltent en 1928 : la guerre dite des Gbayas – la plus longue des multiples jacqueries ayant rythmé la vie de la colonie – n'est définitivement matée qu'en 1934, et sa répression n'est toujours pas oubliée.

L'Oubangui-Chari

La délimitation territoriale et le statut de la possession française n'ont pas été définis immédiatement. Ce n'est qu'après l'incident de Fachoda que le Royaume-Uni reconnaît, en mars 1899, la domination de la France sur tout le bassin de l'Oubangui. L'Oubangui-Chari devient une colonie en 1905 puis est intégré dans l'Afrique-Équatoriale française (A-ÉF) lors de sa création en 1910. Mais ses frontières sont modifiées dès 1911 : la France cède à l'Allemagne, comme gage de bonne volonté, l'ouest de la colonie, désormais rattaché au Cameroun allemand.

Cette situation ne dure pas, car la Première Guerre mondiale permet aux Français de récupérer les territoires abandonnés, ce qu'entérine le traité de Versailles en 1919. Le gouverneur Lamblin s'efforce alors de redonner vie au pays – exsangue – avec la construction d'un réseau routier et l'introduction de la culture du coton et de celle du café, avec quelques résultats positifs.

L'Oubangui-Chari se rallie à la France libre en août 1940, en même temps que le Tchad, le Cameroun et le Congo, sans que cela lui vaille la même célébrité. Mais l'effort de guerre qu'on lui demande est bien de même nature.

La décolonisation et l'indépendance
Barthélemy Boganda (1946-1959)

La marche vers l'indépendance, entamée après la fin de la Seconde Guerre mondiale, est marquée par la personnalité de Barthélemy Boganda, le premier prêtre catholique de l'Oubangui-Chari, qui devient territoire d'outre-mer en 1946. Il est élu à l'Assemblée nationale française en 1946, puis réélu en 1951 et en 1956. Fondateur en 1950 du Mouvement pour l'évolution sociale de l'Afrique noire (MESAN), Barthélemy Boganda est un humaniste modéré qui réclame justice et dignité. Il n'en est pas moins en butte à l'hostilité de l'Administration, des colons et de l'Église (qu'il a quittée). Son objectif est la construction d'une nation oubanguienne au sein d'un ensemble plus vaste.

Devenu, à l'unanimité, président du Grand Conseil de l'A-ÉF en 1957, il préconise la constitution d'un État unitaire mais décentralisé avec le Congo et le Tchad, ouvert, de surcroît, à d'autres territoires. Il caresse aussi l'idée d'une Union des États de l'Afrique latine qui associerait les pays des colonies française, belge et portugaise. Ces projets n'entraînant pas l'adhésion de ses partenaires de l'AÉ-F, la République centrafricaine, membre de la Communauté, est proclamée le 1er décembre 1958, après référendum. Barthélemy Boganda ne connaîtra pas l'indépendance totale de son pays : il meurt le 29 mars 1959 dans un accident d'avion dont les circonstances restent mal élucidées.

Son cousin David Dacko, un ancien instituteur, lui succède à la tête du gouvernement et du MESAN, puis est élu président de la République le 13 août 1960, après la proclamation de l'indépendance.

Le pouvoir personnel de David Dacko (1959-1965)

David Dacko se réclame de Barthélemy Boganda, devenu figure légendaire en République centrafricaine, au même titre que celui qui va devenir son principal adversaire, Abel Goumba, leader du Mouvement pour l'évolution de l'Afrique centrale (MEDAC). David Dacko dissout le MEDAC, fait arrêter et juger Abel Goumba, qui est contraint à l'exil en 1962. Le MESAN devient alors parti unique, et son hégémonie sur l'appareil d'État est institutionnalisée par une nouvelle Constitution adoptée en 1964. L'autoritarisme de David Dacko et les maigres résultats qu'il obtient sur le plan économique le rendent impopulaire. Son rapprochement avec la Chine communiste inquiète la France.

Ascension et chute de Jean Bédel Bokassa (1965-1979)

La nuit de la Saint-Sylvestre 1965, un coup d'État renverse Dacko. Il est conduit par le colonel Jean Bédel Bokassa, chef d'état-major, ancien sous-officier devenu capitaine dans l'armée française, et qui a participé à la libération de la France en 1944 avant de servir en Indochine. Personnalité déroutante, imprévisible et capable de toutes les excentricités, Bokassa n'est pas dépourvu d'un certain charisme ainsi que de sens politique. Malgré l'incohérence de ses décisions et sa cruauté, il parvient à se maintenir près de 14 années au pouvoir, faisant pression avec succès sur la France en jouant d'alliances momentanées avec l'URSS, les pays de l'Est, la Corée du Nord et, même, la Libye, se convertissant à cette occasion à l'islam pendant quelques mois. Il menace aussi Paris de créer sa propre monnaie.

À partir de 1970, sa « progression » est fulgurante : président à vie en 1972, maréchal en 1974, empereur en 1976. En contrepoint, les tentatives de coup d'État se multiplient. Mais Bokassa Ier, qui a installé sa cour dans son palais de Bérengo, dans son pays natal, alors que le gouvernement demeure à Bangui, finit par lasser de nombreux chefs d'État africains, puis le gouvernement français lui-même. La coupe déborde en 1979, lorsqu'on apprend, de la bouche de l'ambassadeur impérial à Paris, démissionnaire, que plus de 100 lycéens emprisonnés à la suite de manifestations sont morts sous les coups de leurs gardiens. En septembre, à l'occasion d'un déplacement de Bokassa à Tripoli, un détachement militaire français s'empare de Bangui et de Bérengo et réinstalle David Dacko au pouvoir.

La restauration manquée

Toutefois, David Dacko ne réussit pas à se maintenir longtemps à la tête de l'État. Il a pourtant transformé le MESAN en UDC (Union démocratique centrafricaine), puis instauré le multipartisme, fait adopter, par référendum, une nouvelle Constitution (le 1er février 1981) et, enfin, il s'est soumis au verdict des urnes, à l'occasion de l'élection présidentielle réellement pluraliste du 15 mars, ce qui, à l'époque, est rare en Afrique. Mais sa courte victoire (50,2 % des voix, devant Ange-Félix Patassé, ancien ministre de Bokassa) est contestée par l'opposition, et la situation économique, peu brillante, est à l'origine de tensions sociales. Il est déposé par le général André Kolingba, le 1er septembre 1981, au terme d'un coup d'État militaire.

La Constitution et les activités des partis politiques sont suspendues, et un Comité militaire de redressement national (CMRN) est mis en place. Une tentative de reconquête du pays par A.-F. Patassé (1982) donne lieu à des manifestations quasi insurrectionnelles, vigoureusement réprimées, et A.-F. Patassé doit s'exiler. André Kolingba, à partir de 1985, « civilise » son régime. Le CMRN cède la place à un gouvernement (dans lequel les militaires restent toutefois majoritaires), un référendum-plébiscite est organisé (novembre 1986) : une nouvelle Constitution est approuvée, qui fait du Rassemblement démocratique centrafricain (RDC), nouvellement créé, le parti unique, et confirme le général dans ses fonctions.

L'échec de la démocratisation

En 1990, la situation économique est toujours aussi médiocre, et la politique d'austérité préconisée par le Fonds monétaire internationale (FMI), de plus en plus impopulaire. Le « vent d'est » qui souffle en Afrique depuis la chute du mur de Berlin ne fait, par ailleurs, qu'attiser les mécontentements. À Bangui, une manifestation organisée en octobre par la coordination de l'opposition tourne à l'émeute. Avec beaucoup de mauvaise volonté, le général Kolingba cède aux revendications, sous la pression de la France. Lors de l'élection présidentielle d'août-septembre 1993, Kolingba et Dacko sont éliminés au premier tour, et A.-F. Patassé l'emporte finalement sur Abel Goumba. L'occasion de renouveler le personnel politique n'a pas été saisie.

D'une tutelle à l'autre

Le retour à la normale dure peu. En 1996, trois mutineries militaires ébranlent le régime, qui ne doit son salut qu'aux interventions des troupes françaises. En mars 1998, le gouvernement, l'opposition et les insurgés signent sous la pression internationale un pacte de réconciliation nationale. Entre-temps, la France, qui ne veut plus jouer son traditionnel rôle de gendarme, se fait relayer (février 1997) par une force interafricaine dont elle assure le soutien logistique – la Misab (Mission d'intervention et de surveillance des accords de Bangui) – placée sous l'autorité de l'ONU. Bien qu'ayant fait preuve, à plusieurs reprises, de brutalité dans la répression, elle voit son mandat prolongé jusqu'au 15 mars 1998. Dans le même temps, le gouvernement français annonce la fermeture progressive de sa base militaire de Bouar. La Misab est alors remplacée par la Minurca (Mission des Nations unies en République centrafricaine), force onusienne de 1 350 hommes, dont le mandat est prolongé jusqu'en décembre 1999. L'action de cette dernière est relayée par le Bonuca (Bureau des Nations unies pour la consolidation de la paix en République centrafricaine), mis en place en février 2000.

Des élections législatives se tiennent en novembre-décembre 1998 : elles sont remportées par une coalition de partis d'opposition qui obtient la majorité des sièges à l'Assemblée. Mais, grâce à la défection de l'une de ses composantes, qui rejoint le parti du président (le Mouvement pour la libération du peuple centrafricain [MLPC]), A.-F. Patassé peut nommer un de ses partisans au poste de Premier ministre ; ce dernier, après plusieurs tentatives infructueuses, réussit à constituer un gouvernement (mi-janvier 1999).

La situation politique reste cependant confuse, l'opposition manifestant ouvertement son mécontentement devant ce qu'elle considère comme une manœuvre de A.-F. Patassé pour se maintenir au pouvoir. En octobre 1999, celui-ci parvient à se faire réélire dès le premier tour (recueillant 51,6 % des voix, contre 19,3 % à son principal rival, l'ancien président A. Kolingba).

Dans la nuit du 27 au 28 mai 2001, des mutins encerclent la résidence du chef de l'État à Bangui, mais sont repoussés par la garde présidentielle : selon les services de A.-F. Patassé, cette nouvelle tentative de coup d'État est fomentée par l'ex-président A. Kolingba (ce dernier sera condamné à mort par contumace en août 2002). Le couvre-feu est décrété et l'armée centrafricaine, appuyée par une centaine de Libyens et des rebelles du Mouvement de libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba, entreprend dans les jours qui suivent une « chasse aux Yakomas », l'ethnie minoritaire du général-président Kolingba, qui s'enfuit vers l'Ouganda.

Également impliqué dans ce putsch manqué, le chef d'état-major des armées, le général François Bozizé, est limogé le 26 octobre suivant. Quelques jours après son limogeage, il rallie à sa cause plusieurs dizaines de militaires, qui s'opposent par les armes à son arrestation. La situation reste confuse dans le nord du pays, à la frontière avec le Tchad, où l'ex-général F. Bozizé et ses fidèles ont trouvé refuge.

Lancée par ces derniers le 25 octobre 2002, une nouvelle tentative de coup d'État dans la capitale, au cours de laquelle 150 civils tchadiens trouvent la mort, provoque une crise entre le Tchad et la République centrafricaine. La garde présidentielle, soutenue par les miliciens du MLC, repousse les insurgés. Mais, le 16 mars 2003, alors que le chef de l'État s'est absenté pour participer à un sommet régional à Niamey, l'ex-général F. Bozizé s'empare du pouvoir avec l'aide du Tchad. La participation de la République centrafricaine au sein de l'Union africaine est suspendue.

Le général François Bozizé (2003-2013)

Autoproclamé président de la République, François Bozizé suspend la Constitution et dissout les institutions pour une période de « transition consensuelle ». Tous les partis politiques – y compris celui du président déchu, A.-F. Patassé, en exil au Togo, – se disent prêts à collaborer avec le nouveau régime.

Un premier gouvernement de transition, formé en avril 2003 et dirigé par A. Goumba, opposant historique et intègre, ne résiste pas à une vague de mécontentement social (les caisses de l'État sont vides, les fonctionnaires ne sont pas payés à échéance et les appels à la grève se multiplient). Il est remplacé, en décembre 2003, par un nouveau gouvernement d'union nationale que dirige Célestin Gaombalet. La Force multinationale en Centrafrique (Fomuc), mise en place depuis octobre 2002 par la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (CEMAC), joue un rôle prépondérant dans le rétablissement des conditions de sécurité suffisantes pour permettre des élections.

En décembre 2004, une nouvelle Constitution, fixant le mandat présidentiel à 5 ans et renforçant le pouvoir du Premier ministre, est approuvée par référendum.

Onze candidats participent à l'élection présidentielle du printemps 2005, censée, avec le scrutin législatif du même jour, mettre un terme à la période de transition ouverte le 16 mars 2003 par le coup d'État du général Bozizé. Ce dernier remporte le scrutin avec 64,6 % des voix devant Martin Ziguélé, ex-Premier ministre de l'ancien président A.-F. Patassé (2001-2003) et candidat du Mouvement pour la libération du peuple centraficain (35,4 %). Moins attendue, la victoire au scrutin législatif de la Convergence nationale Kwa na Kwa (« le travail, rien que le travail »), réunissant les partisans de F. Bozizé, permet à ce dernier de choisir un Premier ministre, Élie Doté, parmi les siens. La RCA réintègre l'Union africaine en juillet 2005.

En 2006, la situation se détériore avec l'apparition d'une nouvelle rébellion dans le nord-ouest du pays. Partis du Sud-Darfour et regroupés au sein de l'Union des forces démocratiques pour le rassemblement (UFDR), les rebelles – aux revendications hétéroclites – s'emparent de plusieurs localités de la région, dont Birao, à l'automne 2006, avec l'intention de renverser le régime. Ils sont arrêtés par les forces armées centrafricaines, soutenues par l'armée française, qui reprennent rapidement le contrôle de la région, non sans infliger aux populations civiles locales de lourds dommages. Depuis, le président Bozizé prône le dialogue avec la rébellion, mais, en dépit des accords de Syrte et de Birao (février et avril 2007), le cessez-le-feu conclu avec l'UFDR demeure précaire et le dialogue peine à s'instaurer. La région du Nord-Ouest, victime d'une situation humanitaire difficile (200 000 personnes déplacées) subit, en outre, les conséquences de la crise du Darfour et notamment l'afflux de réfugiés fuyant les combats. À partir de février, le déploiement au Tchad et en RCA de la force européenne Eufor permet aux autorités centrafricaines d'espérer un arrêt des incursions rebelles et une diminution de l'afflux des réfugiés.

Le début de l'année 2008 voit la mise en œuvre d'un processus de dialogue politique inclusif (DPI) visant à la réintégration des mouvements de rébellion armés et à leur transformation en partis politiques. Un accord de paix global est signé à Libreville entre le gouvernement, l'Armée populaire pour la restauration de la démocratie (APRD) et l'UFDR. Après plusieurs mois d'atermoiements, gouvernement, partis politiques, ex-rebelles, syndicats et représentants de la société civile, réunis en forum du 8 au 20 décembre 2008 sous le parrainage du président gabonais Omar Bongo Ondimba, parviennent à s'entendre sur la création d'une Commission vérité et réconciliation et la mise en œuvre d'un processus de désarmement, de démobilisation et de réinsertion (DDR) des ex-rebelles. Très lent et soumis à de nombreux blocages, ce processus est retardé par des rivalités ethnico-économiques dans la région des trois frontières (Centrafrique, Tchad et Soudan).

Aboutissement du dialogue national qui a rassemblé en 2008 pouvoir, opposition et rébellions, l'élection présidentielle se déroule le 23 janvier 2011. François Bozizé est réélu dès le premier tour avec 66,1 % des suffrages devant Ange-Félix Patassé (20,10 %) qui décède en avril, et l'ex-Premier ministre Martin Ziguélé (6,46 %).

Ce dernier, ainsi que deux autres candidats de l’opposition dont l’ex-chef de l’APRD, dénoncent la fraude et demandent l’invalidation d’un scrutin avalisé par certains observateurs internationaux alors que la mouvance présidentielle Kwa na Kwa arrive également en tête des élections législatives. La réélection de François Bozizé, qui se présente comme un pacificateur, n’est cependant pas remise en cause par la communauté internationale, dont la France qui soutient le processus de transition et les « efforts de bonne gouvernance » du régime. Celle-ci est toutefois encore loin d’être acquise, notamment en matière de gestion du secteur minier du pays, principal atout économique du pays, l’exploitation du diamant notamment étant encore très opaque et désorganisée.

La stabilisation politique reste ainsi fragile et la situation sanitaire extrêmement précaire. Si deux factions de la dernière grande rébellion centrafricaine, la Convention des patriotes pour la justice et la paix (CPJP), acceptent d’intégrer le processus de paix en juin et août 2011, et si 4 000 ex-combattants, pour la plupart de l’APRD, ont été démobilisés depuis le mois de juin dans le nord-ouest du pays, le gouvernement doit aussi faire face au banditisme d’anciens rebelles, qui entraîne d’importants déplacements de population dans le Nord, aux exactions de la LRA (Armée de la résistance du Seigneur) de Joseph Kony (pourchassé en Ouganda) et présente dans le Sud-Est et l'Est, ainsi qu’aux incursions d’un groupe tchadien, conduit par Baba-Laddé, dans le nord-ouest du pays.
10. La République centrafricaine après la chute de F. Bozizé (2013-)

La situation politique se dégrade au cours de l’année 2012 : des factions rebelles issues des différents mouvements de rébellion (CPJP, UFDR) ou récemment constituées (Convention patriotique du salut du Kodro, CPSK) reprennent les armes et exigent le respect des accords de paix signés en 2007 et 2008 mais restés lettre morte. Réunies au sein de la Séléka (« Coalition » en sango), elles parviennent à se rendre maîtres des trois quarts du territoire après une offensive lancée à partir du nord du pays et à laquelle participent des rebelles étrangers soudanais et tchadiens.

Malgré l’appui militaire consenti par le Tchad et la présence de la Force multinationale d’Afrique centrale (FOMAC, qui a remplacé la Fomuc en 2008) – la France refusant de son côté de soutenir le régime moribond –, les Forces armées centrafricaines, affaiblies par des mutineries et désorganisés, doivent céder face à l’offensive lancée en direction de la capitale Bangui au mois de décembre. Un accord de dernière chance est obtenu à Libreville en janvier 2013 avec la formation d’un gouvernement d’union nationale mais, fortes de leurs succès militaires, les forces rebelles entrent à Bangui les 23-24 mars d’où s’est enfui F. Bozizé, finalement lâché par son allié tchadien.

Michel Djotodia, chef de l’UFDR et de la Séléka s’autoproclame président et maintient Nicolas Tiangaye (nommé en janvier) au poste de Premier ministre. Une transition à la durée indéterminée avant l’organisation de nouvelles élections est annoncée.

L’intervention française et internationale

La victoire de la rébellion donne bientôt lieu à des exactions commises par des bataillons incontrôlés contre la population civile, victime de tueries, de viols et de pillages. Les autorités se montrant incapables de rétablir la paix en dépit de la dissolution de la Séléka, le pays sombre dans le chaos.

Les risques de déstabilisation que ferait peser sur l’ensemble de la région la création d’une zone grise devenant le refuge de groupes terroristes et criminels alertent l’Union africaine et les Nations unies qui décident d’intervenir avec l’aide militaire de la France.

À la suite de l’adoption par le Conseil de sécurité de la résolution 2127 (5 décembre) l’opération française « Sangaris » est alors déclenchée pour appuyer les troupes de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine. Cette intervention militaire – à laquelle s’associe par la suite l’UE – s’avère incertaine et périlleuse. Malgré les appels au calme et au dialogue lancés par les autorités religieuses du pays, la situation menace en effet de dégénérer en conflit entre musulmans identifiés ou associés aux ex-rebelles de la Séléka et chrétiens organisés en milices d’autodéfense (les « anti-balaka ») parfois appuyées par des soldats de l’ancienne armée nationale.

Dépourvu de toute autorité, M. Djotodia est finalement forcé à démissionner le 10 janvier 2014. Alors que les tueries, dont la minorité musulmane est désormais la première victime, et les représailles qui s’ensuivent se poursuivent, le Parlement provisoire élit comme présidente de transition, Catherine Samba-Panza, maire de Bangui, le 20 janvier. À André Nzapayeké, nommé Premier ministre, succède Mahamat Kamoun en août.

L’ONU, qui évoque un risque de génocide et de crise alimentaire majeure, estime à 886 000, dont plus de 500 000 à Bangui, le nombre de personnes déplacées et lance un appel à une aide humanitaire d’urgence.

Histoire de la République Centrafrique

Histoire de la Centrafrique

Histoire de la Centrafrique
Avant la colonisation

Des pierres taillées datant au moins du IXe millénaire avant notre ère ont été retrouvées au cours de fouilles effectuées en République centrafricaine. Toutefois, l’absence de restes humains associés empêche l’attribution de ces outils à une population précise (pygmées ou autre peuple autochtone). Par la suite, la transition du paléolithique vers le néolithique dans la région fut un processus graduel sans rupture culturelle brutale. À partir du IIIe millénaire avant notre ère, l’établissement et l’expansion vigoureuse sur le sol centrafricain des populations parlant les langues du groupe Adamaoua-Oubangui s’opposent à l’expansion Bantou qui trouvera un exutoire vers le Sud et l’Est du continent. Le noyau géographique originel des populations de langues Adamaoua-Oubangui serait tout proche car situé dans le massif de l’Adamaoua aux confins des actuels Cameroun, Nigeria, Tchad et République centrafricaine. De l’autre côté des contreforts occidentaux de l'Adamaoua (qui culmine à 3400 m au Tchabal Mbabo dans les monts Gotel) était situé, sur la rivière Cross, le noyau originel des populations Bantou. Les deux groupes de populations vont connaître, au IIIe millénaire, une expansion simultanée à la suite de la domestication de l’igname et du palmier à huile. L’implantation solide des populations de langues Adamaoua-Oubangiennes sur le territoire tiendrait à leur maîtrise des cultures agricoles aussi bien en zone de forêt sèche (apprises auprès des agriculteurs parlant les langues du groupe Soudan-Central) qu’en zone de forêt humide, une double compétence que n’avaient pas les Bantou à cette époque6. La présence d’une agriculture en République centrafricaine est avérée à partir du milieu du IIe millénaire avant notre ère. Les populations de langues Adamaoua-Oubanguiennes achèvent leur implantation sur l’ensemble de l’actuelle République centrafricaine vers le début du Ier millénaire avant notre ère tandis que l’extension géographique maximale de ces populations est atteinte vers le début de l’ère chrétienne. Les habitants qui les avaient précédé (pygmées et soudanais centraux) sur le territoire de la Centrafrique actuelle sont alors soit assimilés soit marginalisés.

Une civilisation mégalithique qui perdurera jusqu’au ier siècle ap. J.-C. se développe dans la région de Bouar (Ouest). C’est l’apparition de la métallurgie du fer qui semble avoir mis fin à la civilisation des mégalithes (Tazunu en gbaya) 5. La métallurgie du fer se répand d’ouest en est et s’accompagne d’une expansion de la population dont on considère qu’elle atteignit 6 millions d’habitants sur l’ensemble du territoire centrafricain au xviiie siècle. Les populations auraient alors vécues en relative autarcie car à l’écart des grandes voies commerciales africaines.

Entre les débuts archéologiques et la période qui précède immédiatement la colonisation, soit environ 1700 ans, les données concernant l’histoire du territoire occupé par la République centrafricaine sont rares ou peu accessibles au grand public. Il est probable qu’à l’instar de beaucoup de peuples établis dans la zone équatoriale, les populations de la région n’ont pas éprouvé le besoin de s’organiser autour de structures étatiques mais ont plutôt conservé un système de chefferies locales8. Rétrospectivement, et étant donné l’expansion démographique supposée de la population (6 millions d’habitants), on peut se demander si ce système n’était peut-être pas plus performant que bien d’autres. Le défaut majeur de cette organisation politique très superficielle est toutefois de ne pas avoir pu protéger les populations de langues Adamaoua-Oubanguiennes des épreuves qui allaient survenir au cours de la période contemporaine.

Le phénomène historique le plus spectaculaire qu’ait connu la région durant cette période concerne les Zandé. Aux alentours du xve siècle, des clans issus du Darfour ou du Kordofan émigrent vers l’Uélé et l’Oubangui. Cette aristocratie de seigneurs va peu à peu s’imposer aux populations locales tout en adoptant sa culture. Une douzaine de royaumes Zandé se formeront ainsi. L’organisation du pouvoir mis en place par les souverains Zandé fera une certaine impression sur les premiers voyageurs Européens. Sur l’ensemble du territoire centrafricain actuel, on considère que les habitants vivaient en petits villages dispersés et cultivant au nord le sorgho et au sud la banane plantain. Le niveau d’organisation politique était faible et les sociétés locales souvent troublées par des querelles. Le fait que ces sociétés soient très similaires à celles rencontrées dans le Cameroun central suggère qu’un certain niveau de communication a perduré entre les deux régions au cours des millénaires.

La fin du xviiie siècle marque le début d’une importante régression démographique due en premier lieu à la traite des esclaves qui s’installe dans la région. L’impact de la traite frappe donc le territoire de la République centrafricaine actuelle plus tardivement que beaucoup d’autres régions du continent. À cette époque, les États musulmans situés plus au nord (Kanem-Bornou, Ouaddaï, Baguirmi, Darfour), utilisant parfois comme main d’œuvre les nomades Peuls, commencent à ravager les territoires occupés par les populations animistes gbaya et banda. Ndélé, ville située en République centrafricaine actuelle, est un important centre esclavagiste dépendant du sultan du Baguirmi. Un peu plus tard, plus au sud, les riverains de l’Oubangui deviennent piroguiers et intermédiaires pour les trafiquants d’esclaves alors qu’à l’est entre Mbomou et Uélé des petits États aristocratiques de langue Zandé (ou Nzakara au nord de l’Oubangui) combattent les trafiquants mais alimentent également pour leur propre compte les trafics d’esclaves à destination des occidentaux ou des pays arabes par le Bahr el Ghazal. Ce dernier trafic, spécialement important dans la seconde moitié du xixe siècle sera d’autant plus dévastateur que les trafiquants jallaba financés depuis Khartoum étaient équipés d’armes à feu. D’autre part, au nord-ouest de la République centrafricaine, une alliance esclavagiste entre les Peuls et la confédération Mbum contribue aussi à la dépopulation du pays. Globalement, il semble que ce soit les razzias d’esclaves à destination des pays arabes qui soient la cause du plus grand prélèvement de populations sur le territoire appelé à devenir la République centrafricaine. Un des moyens d’échapper à l’esclavage étant la conversion à la religion musulmane ; on considère parfois qu’il est probable que si la colonisation européenne n’était pas intervenue, toutes les populations vivant au nord de la grande forêt pluviale auraient été converties à l’islam.

Simultanément au razzias des esclavagistes, les populations « centrafricaines », autrefois autarciques et donc dotées d’un faible niveau de protection contre les grandes épidémies sont exposées à des microorganismes mortels comme les virus de la variole ou de la rougeole. En parallèle, syphilis et gonococcies provoquent l’apparition fréquente de stérilité chez les individus infectés. Il résulte du processus esclavagiste et des changements épidémiologiques drastiques un dépeuplement massif du tiers voire de la moitié orientale du territoire centrafricain actuel auquel s’ajoute des migrations intérieures de sauvegarde qui contribuent à semer un peu plus le chaos.

Au xviiie siècle, et à l’image de leurs voisins Zandé du Mbomou, les populations riveraines de l’Oubangui se seraient fédérées autour d’un chef, Kola Ngbandi, et adoptent le nom de ce dernier pour se désigner. Les Ngbandi développent par la suite une activité de piroguiers sur l’Oubangui, une forme simplifiée de leur langue deviendra le sango, langue vernaculaire centrafricaine développée essentiellement pour et grâce au commerce.

Le dernier évènement notable de la période précoloniale est l’installation sous l’impulsion d’un soudanais, Rabah, d’un État esclavagiste à cheval sur la République centrafricaine et le Tchad.  Il a pour capitale la ville de Dar el-Kouti (près de Ndélé) et est dirigé par un vassal de Rabah, Mohammed Es-Senoussi. L’influence néfaste du sultanat de Bilad el-Kouti s’étendra bien après les débuts de la colonisation française.

Période coloniale

Les premiers colons européens apparaissent en 1884 et le territoire devient une colonie française en 1905 sous le nom d'Oubangui-Chari. Le territoire devient partie intégrante de l’Afrique-Équatoriale française (AEF) en 1910.

Des entreprises commencèrent à exploiter les ressources du pays en ayant recours de façon importante au travail forcé, la fuite en brousse de la population constitue alors une des formes de résistance et fait l’objet de répressions11. Cette dernière interpretation fait pourtant discussion, à l'encontre du politiquement correct, car le pays connaitra aussi un secteur privé où des entreprises mixtes en bonnes et équitable collaborations naissent.

Durant la Seconde Guerre mondiale, la colonie se joignit aux Forces alliées.

Indépendance

Le pays devient la République centrafricaine le 1er décembre 1958 et proclame son indépendance le 13 août 1960.

Depuis, le pays a conservé le français comme langue officielle, utilisée dans les documents administratifs, alors que le sango, langue véhiculaire, agit comme unificateur du pays, permettant à chacun de se comprendre, même sans éducation scolaire avancée.

Le premier chef de l'État, Barthélemy Boganda, est considéré comme le père de la nation centrafricaine. Parlementaire à Paris, il fut l'auteur de brûlots réguliers et de demandes de maintien de tous les droits français au peuple d'Afrique équatoriale française. Parlementaire français véhément, il prônait depuis longtemps l'indépendance des colonies et avait proposé la création d'un État d'Afrique centrale unique, groupant Gabon, Congo, Cameroun et République centrafricaine. Il y voyait la seule solution permettant d'éviter l'éclatement de la région en territoires trop petits, non viables, et sans rôle à jouer sur la scène internationale. Il meurt le 29 mars 1959, peu après son élection, dans un accident d'avion dont les causes n'ont jamais été élucidées.

La période Bokassa

En 1965, lors du « coup d'État de la Saint-Sylvestre », Jean-Bedel Bokassa renverse son cousin David Dacko et prend le pouvoir. Le 4 décembre 1976, il s'auto-proclame empereur Bokassa Ier. Il met alors en place une politique très répressive dans tout le pays.

En septembre 1979, « l'opération Barracuda », organisée par la France, renverse Bokassa et remet au pouvoir David Dacko. En effet, depuis quelque temps Bokassa se rapproche de plus en plus de Kadhafi dont la politique au Tchad est en contradiction complète avec les intérêts français.

L'après Bokassa

David Dacko lui succède encore brièvement. Il sera chassé du pouvoir le 1er septembre 1981 par le général André Kolingba, qui établit un régime militaire. André Kolingba restera au pouvoir jusqu'en 1993, année où, suivant le courant de démocratisation lancé par le sommet de La Baule, les premières élections multipartites ont lieu et Ange-Félix Patassé est élu président de la République.

À la fin des années 1990, les « compagnies juniors » canadiennes, investies dans plus de 8000 propriétés minières, dans plus de 100 pays, pour la plupart encore à l'état de projet16, multiplient les contrats avec des pays africains parmi lesquels la République centrafricaine, où elles ont cependant du mal à se faire une place, la Colombe Mines, possédant les principaux sites diamantifères.

Prise du pouvoir par Bozizé

En 2001, une tentative de coup d'État provoque de violents affrontements dans la capitale, Bangui.

Après une nouvelle série de troubles et malgré l'intervention de la communauté internationale (MINURCA), le 15 mars 2003, le général François Bozizé réussit, avec l'aide de militaires français (deux avions de chasse de l'armée française survolaient Bangui pour filmer les positions des loyalistes pour le compte de Bozizé) et de miliciens tchadiens (dont une bonne partie va rester avec lui après son installation au pouvoir), un nouveau coup d'État et renverse le président Patassé. Le général Bozizé chasse alors les rebelles congolais, auteurs de méfaits et crimes innombrables, notamment dans et autour de Bangui.

Une élection présidentielle a eu lieu, après plusieurs reports, le 13 mars 2005, sous la direction d'une Commission Électorale Mixte Indépendante (CIME), présidée par Jean Willybiro-Sako. On pouvait relever comme candidatures, celles de François Bozizé (déjà chef de l'État), l'ancien président André Kolingba, et l'ancien vice-président Abel Goumba. Les candidatures de plusieurs autres candidats, dont celles de Charles Massi du FODEM, de l'ancien premier ministre Martin Ziguélé, de l'ancien ministre et ancien maire de Bangui Olivier Gabirault et de Jean-Jacques Démafouth, ont été refusées par la commission électorale avant la médiation gabonaise et les accords de Libreville. À la suite de ces accords, seule la candidature de l'ancien président Ange-Félix Patassé a été définitivement rejetée par la commission élue.

Centrafricaine, un pays en proie au chaosPériode de guerres civiles

L'accession à la présidence de Bozizé est violemment contestée et une première guerre civile ravage le pays entre 2004 et 2007, jusqu'à la signature d'un accord de paix. Cependant, les rebelles dénoncent la non-tenue des accords par le président Bozizé, et reprennent les armes fin 2012, lançant une série d'attaques démarrant la deuxième guerre civile de Centrafrique. Le 24 mars 2013, les rebelles de la coalition Seleka s'emparent de Bangui et Bozizé s'enfuit. Michel Djotodia s'auto-proclame président de la République centrafricaine. Mais les nombreuses exactions commises par les miliciens de la Seleka, majoritairement musulmans, amènent l'insécurité dans le pays, et des milices d'auto-défense, les anti-balaka se forment. Le conflit débouche sur une situation « pré-génocidaire » selon la France et les États-Unis. Le 5 décembre 2013, une résolution de l'ONU permet à la France d'envoyer des troupes armées en République centrafricaine (opération Sangaris) aux fins annoncées de désamorcer le conflit et de protéger les civils.

Le 10 janvier 2014, le président de la transition centrafricaine Michel Djotodia et son premier ministre Nicolas Tiangaye annoncent leur démission lors d'un sommet extraordinaire de la Communauté économique des États de l'Afrique centrale (CEEAC). Le 20 janvier 2014, le Conseil national de transition de la République centrafricaine élit Catherine Samba-Panza comme chef de l'État de transition de la République centrafricaine Au printemps 2014, trois journalistes sont tués, dont la française Camille Lepage, sur fond de sanctions de l'ONU.

Le 23 juillet 2014, les belligérants signent un accord de cessation des hostilités à Brazzaville.

Géographie de la République Centrafricaine

Géographie de la République Centrafricaine

Géographie de la République centrafricaine

Ce pays est ainsi désigné pour sa position géographique au centre du continent.

La Centrafrique (RCA) est un pays enclavé sans accès à la mer. L'essentiel de la frontière sud du pays suit le cours du fleuve Oubangui et de son affluent le Mbomou. La partie nord du pays constitue le haut bassin du fleuve Chari. Le mont Ngaoui avec ses 1 420 m est le point culminant.

Le pays est partagé entre savanes et forêt équatoriale (au Sud).

La République centrafricaine dispose par ailleurs de nombreuses ressources naturelles, notamment l'uranium, l'or et les diamants. Le pétrole et l'énergie hydroélectrique sont d'autres ressources potentiellement importantes mais inexploitées à ce jour.

Le pays souffre d'inondations en raison du manque d'entretien des fleuves et des débits impressionnants qu'engendre la saison des pluies en Afrique centrale. La déforestation est quant à elle constatée dans les zones de brousse (où les paysans utilisent le bois pour leur nourriture et les constructions), mais semble endiguée dans les zones forestières (voir aussi : Forêt du bassin du Congo). Les sources du ministère des forêts et du développement rural semblent prouver que depuis 30 ans, la forêt gagne sur la savane, cas exceptionnel dans le monde. De gros efforts d'aménagement et de protection des forêts sont en effet engagés durablement, avec pour objectif d'éviter l'érosion, de protéger la faune et de préserver cette richesse rare qu'est la grande forêt centrafricaine.

Le climat tropical domine l'essentiel du pays avec une saison humide de mai à octobre et une saison sèche de novembre à avril. Au Sud, la frontière des deux Congos, le climat est de type équatorial, intertropical de Carnot à Berbérati à l'ouest, subsahélien vers Birao au Nord avec une saison sèche pouvant aller de 8 à 9 mois, et intertropical mais frais et orageux sur les reliefs.

La République centrafricaine comporte deux grands bassins séparés. L'un s'écoule vers le nord (bassin du Tchad) avec des cours d'eau comme le Logone, l'Ouham, le Chari. L'autre bassin est formé des affluents de l'Oubangui qui coulent vers le bassin du Congo, au sud. Les bordures occidentale et orientale du plateau comportent les reliefs les plus importants. Le plateau est entouré au nord-ouest avec des gradins du massif granitique de Yadé s'étageant de 1 000 m à 1 400 m (à l'exception du mont Ngaoui : 1 410 m) ; au nord-ouest, trois petites chaînes quartziques, les ensembles Délembé-Sergobo, Ouanda Djallé-Mont Koumou et Kotto-Bahr formant les massifs du Dar Challa et des Bongo, culminent au mont Toussoro avec 1 330 mètres.

La moyenne annuelle des températures avoisine 26 °C. À Bangui, les maxima sont de l'ordre de 38 °C et les minima de 15 °C. Le pluviomètre indique en moyenne : pour la saison pluvieuse 226 mm (juillet), et pour la saison sèche 5 mm (décembre).

République Centrafricaine

République Centrafricaine

République Centrafricaine

La République centrafricaine, aussi appelée Centrafrique, en sango Ködörösêse tî Bêafrîka, est un pays d'Afrique centrale en voie de développement, dont la population est estimée à 4 500 000 habitants1, pour une superficie d'environ 623 000 km2. Il est entouré par le Cameroun à l'ouest, le Tchad au nord, le Soudan et le Soudan du Sud à l'est, la République démocratique du Congo et la République du Congo au sud. Le pays est membre de l'Union africaine, de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale et de la Communauté des États sahélo-sahariens.

Le pays est partagé entre savanes et forêt équatoriale (au Sud), et connaît pour l'essentiel un climat tropical. La République centrafricaine dispose par ailleurs de nombreuses ressources naturelles, notamment l'uranium, l'or,les diamants et le pétrole.

Le territoire de la République centrafricaine recouvre celui de la colonie française d'Oubangui-Chari, qui fait partie de l'Afrique-Équatoriale française de 1910 à 1960. Après l'indépendance, le pays a eu à sa tête différents régimes autoritaires, notamment celui de Jean-Bedel Bokassa, président, puis empereur autoproclamé. L'ancienne puissance coloniale continue d'y jouer un rôle important. Les premières élections libres avec multipartisme ont lieu en 1993. Elles portent au pouvoir Ange-Félix Patassé, renversé en 2003 par François Bozizé. Celui-ci, réélu en 2005 et 2010, est à son tour renversé en 2013 par la Seleka, une alliance de milices, pendant la deuxième guerre civile de Centrafrique.